Formation continue : un levier pour l’excellence

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Ou pourquoi un maçon qui ne se forme plus est un maçon qui recule — même en avançant

Dans le BTP, il y a cette croyance tenace : "Le terrain forme mieux que n’importe quel diplôme." Peut‑être. Mais le terrain n’apprend pas tout. Il n’apprend pas les nouvelles normes, il ne vous initie pas au BIM, il ne vous parle jamais des matériaux biosourcés, ni des subtilités de l’acoustique réglementaire. Le terrain, c’est comme un ancien combattant : il a la mémoire longue, mais il déteste le changement.

Et pourtant, il faut apprendre. Sans arrêt. Parce que le métier bouge sous nos pieds, et parfois vite, brutalement, sans prévenir.

Le problème ? Le BTP n’aime pas qu’on lui dise comment faire son boulot.
Les compagnons chevronnés lèvent les yeux au ciel devant les formations obligatoires. Les chefs de chantier soupirent quand on leur impose un module en e‑learning. "Encore une perte de temps", disent‑ils. Et c’est compréhensible : les formations sont parfois absurdes, déconnectées, menées par des gens qui n’ont jamais tenu une truelle.

Mais quand c’est bien fait, ça change tout.
Un ouvrier qui comprend les enjeux environnementaux de son chantier n’installe plus son isolant à la va‑vite. Un électricien qui a été formé sur les dernières normes incendie ne laisse plus passer l’à‑peu‑près. Et un chef de chantier qui maîtrise un outil numérique, c’est un chantier qui avance plus vite, plus proprement, avec moins d’erreurs et moins de fatigue mentale pour tout le monde.

La formation, ce n’est pas une charge. C’est une arme.
Une arme contre l’obsolescence. Contre la dévalorisation du métier. Contre l’image poussiéreuse qu’on renvoie parfois sans le vouloir. Un ouvrier formé, c’est un ouvrier qui prend confiance. Qui comprend pourquoi il fait ce qu’il fait. Qui peut même proposer, innover, corriger ce que les plans n’ont pas prévu.

Et ça, ce n’est pas un luxe. C’est une nécessité vitale dans un secteur qui frôle la pénurie de main‑d’œuvre. Qui aura envie de rejoindre un métier où on ne progresse jamais ? Où on trime comme au siècle dernier, sans qu’on nous explique le pourquoi du comment ? Qui voudra devenir plombier, couvreur ou conducteur de travaux si ça signifie rester bloqué dans ses habitudes pendant vingt ans ?

La vérité, c’est que former, c’est résister.
Résister à l’usure. À l’oubli. À la condescendance des autres secteurs qui se pensent plus "modernes", plus "techniques", plus "smart". On parle ici d’un métier noble, exigeant, où la moindre erreur peut coûter des milliers d’euros, ou des vies. Ça mérite un niveau d’excellence bien plus élevé qu’on ne l’imagine.

Alors non, une formation n’est pas un gadget RH. C’est une promesse : celle de ne jamais se reposer sur ses acquis, même après trente ans de métier.
Et ceux qui prennent cette promesse au sérieux bâtissent des chantiers solides – mais surtout, des équipes fières et vivantes.

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